#DigitalNomad : plus Digital que Nomad ?

 

Être connecté, c’est notre manière d’être rattaché à la vraie vie, du moins à la vie "standardisée" que l’on a décidé de quitter quelques mois auparavant. C’est étrange, en tapant ces premiers mots, naturellement j’emploie le pronom “on”. Comme si les propos que je tenais étaient automatiquement ceux partagés par cette communauté de nomades que je côtoie au quotidien, à laquelle j’appartiens. Pour cette introduction, ils partageront sûrement mon point de vue, je n’en doute pas. Quant à la suite, c’est possible que nos visions ne soient plus tout à fait identiques. Je vous explique.

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Depuis 3 mois, voire même depuis plus de 5 ans, je suis Digital.

Mon métier, mon passe-temps, mes connaissances gravitent autour de ces activités dites-connectées. Sans ordinateur, sans connexion internet et sans accès aux réseaux sociaux, je ne pourrais exercer mes missions professionnelles. Alors certes, j’ai quitté le bureau “classique” mais ce n’est pas pour autant que j’ai arrêté d’effectuer ce pourquoi mes précédentes entreprises m’ont embauché : être Global Social Media Manager.

Paris, Nantes, Hong Kong ou Bali, peu importe ma localisation, je suis capable d'honorer les tâches pour lesquelles je suis rémunérée. Quel que soit le fuseau horaire. Quel que soit le bureau éphémère. En espérant que mes clients en pensent autant. Bien que je sois loin du cocon professionnel, cet environnement m’a offert expériences et compétences qui aujourd’hui me permettent de voler de mes propres ailes. Aucun besoin donc de "m’auto-prouver" à quel point je suis Digital : je respire calendriers éditoriaux, brand content et stratégies personnalisées, je vis réseaux sociaux.

En revanche, j’ignore à quel point je suis Nomad aujourd’hui.

Selon la définition officielle, être nomade signifie ne pas avoir de logement fixe. Mais Google et tous ses compères les dictionnaires ajoutent : un nomade est une personne qui ne reste pas longtemps au même endroit, qui est caractérisé par des déplacements continuels.

Mes trajets en scooter sont parfois une aventure, c’est vrai. Les rencontres que je fais sont aussi énergisantes qu’enrichissantes. Mais malheureusement, ce quotidien auquel je me suis habituée ne semble pas toujours suffire à combler mon désir de vagabonder. Car oui, après avoir multiplié les quelques escapades sur l’île, les weekends prolongés et les rencontres inopinées, je sais désormais que j’ai besoin d'explorer. Bien plus que je ne le pensais.

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J’aime mon quotidien, j’aime être entourée de cette tribu si influente et puissante, j’aime le confort des cafés, mais mon corps crie découvertes. Malgré les kilomètres entre Paris et Bali, le réel gap culturel et ce rythme de travail inhabituel, ma vie de tous les jours reste très confortable (en terme d’environnement, et non financièrement parlant, malheureusement).

Depuis l’âge de mes 12 ans, j'ai des envies d’ailleurs. J’ai la folie des grandeurs, je veux voyager et parcourir la terre entière, que je voyais si petite depuis le globe en plastique de mon frère.

Après avoir pris tant de distance avec mon territoire natal, ce serait dommage de ne pas aller sympathiser davantage avec les nouveaux pays voisins non ?

Être nomade, c’est être mouvant.

Et donc conscient d’être exposé davantage aux risques. C'est accepter le fait d'être encore plus vulnérable. Mais n'y a-t'il rien de plus formidable que de continuer à se sentir si vivant en voyageant ?

Seulement, il faut pouvoir être rôdé digitalement et professionnellement parlant avant de pouvoir être complètement nomade. Voyager et travailler ne sont pas naturellement compatibles. La première chose à glisser dans son sac à dos est une sacrée dose d’organisation, d’anticipation. Il faut donc pouvoir assurer en amont :

  • Une bonne connexion wifi (non, le partage de connexion n'est pas une solution efficace sur la durée)

  • Un logement sûr où l'on ne craint pas de se faire voler son matériel, autrement dit son gagne-pain

  • Des créneaux de travail conséquents malgré l'envie d’aller explorer la ville dans laquelle on vient d’arriver

  • Des dépenses supplémentaires pour les billets d’avion et autres surprises inattendues / temporaires

Contrairement à mes journées à travailler enfermée dans ma chambre, avec mes co-workers, face à la mer voire aux rizières, cette structure ne comprend pas plus de contraintes. Appelons-les tout simplement “challenges”.

Mais être nomade, c’est aussi être solitaire.

Et ce temps-là nous permet parfois de gagner en productivité, de se recentrer sur ses objectifs, de ne pas se laisser dérouter par l’appel de la bière ou du divertissement superflu. Bien entendu, en voyageant d’auberges en cafés-bureaux éphémères, les rencontres se créent et les opportunités de récréation existent. Mais nous sommes bien plus décisionnaires de ces moments à passer ou non en communauté. Il est très probable que cette approche ne soit pas très objective compte tenu de mon besoin de solitude (parfois incompris).

À l'heure où j'écris ceci, je ne suis pas convaincue que ce modèle soit mon âme-soeur. Mais en tant qu’introvertie confirmée, j’ai aussi besoin de me mettre au défi, au travers de villes à visiter, de personnes à rencontrer, de routine à renouveler.

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Vous savez, certains animaux sont aussi nomades.

Migrateurs plus exactement. Ils ne restent pas attachés au même endroit en fonction des saisons. C’est aussi une jolie façon de se dire qu’il est bon de s’installer temporairement, là où les énergies salvatrices et réparatrices sont. Toutes temporaires mais constructives et complémentaires.

Cette question marquerait-elle mon évolution mi-personnelle mi-professionnelle en tant que #DigitalNomad? Que j'imagine telle quelle : un Digital Nomad en recherche de sensations. Un Digital davantage connecté à la vraie vie et un Nomad qui va et qui vient en fonction des saisons, des destinations, des émotions. C’est ce dont j’ai profondément besoin en ce moment. Un quotidien où il y aurait autant de lieux de vie et d’espaces de travail que d’endroits coups de coeur. Comme une envie d’être Digital Migrateur.